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Le criquet pèlerin : dévastateur à ses heures perdues

Cet article est un complément abonné, se rapportant à l’article “Lait de cafard, lait du futur”, publié dans le N°65 du Comprimé. 

Rappelez-vous : le Comprimé avait déjà mis en exergue la possible implication d’un trop haut taux sanguin de sérotonine dans la mort subite du nourrisson ; il s’avère toutefois que la 5-hydroxytryptamine pourrait être inculpée d’un tout autre crime, d’une ampleur encore plus immense. Explications.

Alors que de nombreuses équipes de scientifiques cherchent indubitablement de nouveaux moyens de pallier aux crises de famines et de disettes qui frappent les pays les plus défavorisés (comme le lait de cafard, les compléments au moringa), d’autres se penchent sur les raisons de tels évènements. Une cause, parmi tant d’autres : les vagues dévastatrices d’insectes.

Le criquet est notamment pointé du doigt, rien de bien étonnant : quelques unes des plus importantes famines sont imputables à cet orthoptère, comme celle qui avait touché l’Afrique de l’Ouest dans les années 2004-2005.

Derrière ce comportement grégaire et ravageur, se cacherait un mécanisme biochimique, régi par la sérotonine ! Initialement vert et solitaire (non non, nous ne parlons pas du Taenia), le criquet pèlerin peut activer une modification phénotypique et comportementale, devenant ainsi dévastateur. Cette métamorphose est initiée par un frottement des pattes arrières, provoquant une augmentation du taux de sérotonine, produite par les ganglions thoraciques du criquet.

Expérimentalement, cette contestation a été vérifiée par injection de sérotonine, provoquant ladite modification, ou d’un antagoniste aux récepteurs sérotoninergiques, l’empêchant alors. Cette découverte scientifique a, sans surprise, révolutionné en profondeur les connaissances entomologiques, mais a aussi inspiré de nouveaux procédés de défense et de protection des denrées alimentaires, pour éviter un nouveau désastre socio-économico-sanitaire. Toutefois, l’application de cette découverte est limitée : on ne pourrait risquer une interaction sur d’autres organismes vivants, l’Homme y compris.

Dépression, mort du nourrisson, famine : quels autres secrets nous cache la sérotonine ?

Source : Xiaojiao Guo et al, Serotonin enhances solitariness in phase transition of the migratory locust, Front Behav Neurosci. 2013; 7: 129. 

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