WEP 2007

Article sinueux et dangereux, encore plus que les redoutables routes des impénétrables cols vosgiens dont les ravins guettent les brebis innocentes. Attention au gravier !

C’est à peu près muni d’un itinéraire de ce genre qu’un étrange troupeau de deuxième années, chargés de ballots divers, s’est rué sur les voitures en ce vendredi soir après une journée galère pour certain, à se coltiner un sac de couchage jusque dans la salle de TP sans aucun moyen de le stocker dans un becher – test à l’appui, il fut conclu que tout était une question de volume. Vous l’aurez deviné, tous n’avaient qu’un objectif en tête : aller au WEP.

Les estomacs grognant, la gorge assoiffée et avide de bière, les yeux aux aguets, les oreilles déjà vrombissantes des soirées comme seule l’amicale pharma sait en faire, à fond sur l’accélérateur, nous voilà partis à l’assaut des montagnes, direction La Bresse !

Les places en voitures sont rares et ont alimenté plusieurs jours durant les convoitises, discussions,ventes aux enchères, bastons, drague sur Facebook voir tentatives de meurtres. Autant dire qu’elles sont aussi pleines. Au moins, on se tient chaud. Pas un luxe avec un automne pas très reluisant. On rigole, on chante. On parle fac, profs, on démolit les gens qu’on n’aime pas sans oser le dire. On suppose, on conjecture : à quelle sauce va-t-on se faire cuisiner dans un chalet perdu loin de tout ? On rechante, on rediscute.

Là, arrive la partie romancée de l’itinéraire. C’est beau, c’est bien fait, c’est très imagé, mais il faut se concentrer. Un croisement manqué faute d’avoir bien compris la phrase, la nuit qui commence à tomber, puis quatre ponts bleus qu’on traverse à la suite, quand on devait se servir d’un pont bleu comme repère. Cérébralement bien ralentis par les TP divers mais d’un rasoir constant, ça rame sec. Heureusement, boire et conduire c’est mal. Alors personne n’est trop saoul : de quoi limiter la casse.

Finalement l’arrivée. Un chalet qui a de la gueule mais un peu perdu tout de même. C’est un peu le cirque pour l’appel, et là le réconfort : on y est. La salle avec sono, bar et tout ce qu’il faut dedans. Des blouses de pharmacie partout pour réchauffer les coeurs. Une montagne de cadeaux distribués avec le sourire. Les premiers T-shirts de la promo 2012 qui apparaissent. Des chambres bien faites, conviviales. L’ambiance commence à monter, les premiers délires éclatent, le dancefloor se remplit petit à petit. Le WEP, ça promet ! L’immersion dans un week-end de délire commence !

Les amicalistes n’ont pas trop de mal à rassembler tout le monde pour manger : à croire que tout le monde a faim. Là, petite déception : pas de trace de Michelin. Le pneu serait parti en vadrouille pour raisons familiales. Mais le pompier de service est là, car voilà que Flunchy monte sur la chaise. Au risque qu’après sa bonasse, l’amicale ait trouvé sa boniche.
Bien évidemment, il tente de parler. Forcement, on l’en empêche du plus fort de nos poumons. Après une longue négociation – de trois à quatre baissages de pantalons – notre vice-prez’ obtient enfin un silence relatif, ces demoiselles s’étant bien rincé l’oeil sur son postérieur qui finira humecté à la bière. Entre-temps, la promo – ou du moins son noyau de fous-furieux – a trouvé son slogan – de toilette ? “2012 , binouze !”

Après maintes paroles sans intérêt pour organiser le séjour, Flunchy passe enfin aux choses sérieuses. Un peu d’échauffement avec l’hymne, et ce sont toutes les paillardes qui y passent pour agrémenter le repas. C’est bruyant, délirant, alcoolisé. Les premières fioles de Jägermeister rendent l’âme.

Puis c’est la soirée, endiablée. Caressant la souris avec une dextérité impressionnante, Kéké et ses comparses font valser pistes et décibels.Le grand jeu du Killer fait ses premières victimes : malheurs aux imprudents ayant pris quelqu’un sur leurs épaules, ou révélé leur position sexuelle préférée. Thelvyn est le grand arbitre, mais tous les amicalistes sont sollicités pour le verdict. Lui, du moins, peut sourire : les victimes vont s’amonceler. Il y a de tout : les couche-tôt, les fumeurs qui vont s’en griller une dehors, les intimistes s’isolant dans divers coins du chalet, un verre à la main. Les bourrés se vautrant plus ou moins mémorablement
– doit-on rendre les casques obligatoires en soirée faute de prudence de certains ? Les réfractaires qui ne veulent pas, jamais au grand jamais, que la musique s’arrête. 5 heures du matin, on n’est plus que quelques-uns avec les amicalistes. On réveille Kéké qui s’était endormi sur son clavier, et c’est parti pour réveiller les autres ! Un petit peu de tambour, ça fait du bien… on se défoule une bonne dizaine de minutes et on retourne papoter. 5 heures 30, tout le monde est au lit, des étoiles dans les yeux. Rien à dire, le WEP c’est plus que fun !

Réveil pas trop difficile, on n’est que samedi matin. Le temps se maintient, mais c’est plutôt la grisaille. Les jeux de belotes sont comptés : rupture de stock. Ceux qui ne connaissaient pas s’initient malgré tout, ou traînent simplement de ci de là. Vive la poulpe attitude ! Les images de la veille sont encore dans les têtes, les symboles aussi. Les baisers fougueux de Kéké, « à poil les putes ! »… la poésie pur jus de chez nous.

A midi, l’appétit revient malgré l’estomac un peu barbouillé. Et puis, poulet frites, ça passe partout. Pour un premier repas concocté par la promo, les apprentis cuistots du jour ne se débrouillent pas trop mal. Les poulets souffrent d’accrocs de minutage mais ne survivent pas pour autant. On commence un peu à faire connaissance au calme, on en profite pour changer un peu de voisin. On repère les amicalistes amicaux, et ceux un peu étranges et psychopathes qu’il ne faut pas approcher n’importe quand – espèce en net reflux depuis la retraite du dingue de la choucroute et de boîtes de mikado tenues par une bizuthe nue.

L’après-midi, comme chaque année, un petit programme de jeux débiles : parcours avec un verre d’eau plein – astuce : pour courir vite sans perdre d’eau, refaire le plein en passant par-dessus la rivière – identification de cocktails étranges , personnellement: préférence pour le mélange 2 : crème-jus de tomate-tabasco, ou quelque chose dans ce genre – pyramide humaine, et jambe prisonnière – astuce aux prisonniers : ne cherchez pas à bien viser pour vous libérer, buvez plutôt du Jägermeister .
On rentre à la maison. Dollys et moi sommes loin d’être bourrés, mais qu’est-ce que cet échauffement fait du bien ! 3 mignonettes cul-sec, c’est un minimum pour bien préparer la soirée.

Une première surprise nous attend : un garagiste nous a livré le train de pneus attendu. Deuxième surprise, ledit bibendum caoutchouteux nous annonce une soirée piccolo-rugby à la sangria. Une bonne tartiflette dans l’estomac, la promo communie donc autour de son verre, soulagée d’avoir encore de l’alcool à disposition après la quasi-misère de bière annoncée dans la matinée.

La soirée se passe à coup de drapeaux et de « Chabaaaaaaaal ! » dévastateurs.

Rien n’y fait, la perfide Albion ne broutera pas le gazon sous la charge de l’homme des cavernes. Mais rien n’y fait non plus, la coupe du monde de rugby n’empêchera pas tout le monde de s’amuser, parce que rien au monde ne vaut la pharmacie à Strasbourg-bourre, même quand elle se délocalise – question pour les intellos : cela veut-il dire, selon les grands équilibres économiques de ce monde, que La Bresse est une région sous-développée par rapport à Illkirch ? Ce que ça handicape l’intelligence, de réfléchir…

Tout le monde remonte pour se parer de ses plus beaux atours, et enfiler son costume préparé la veille ou la semaine d’avant, consciencieusement ou à l’arrache. Mais l’essentiel est là, tout le monde joue le jeu et on voit de tout. Une Cléopâtre plus belle que l’antique, des indiennes, des pirates à l’oeil torve et séducteur, une hippie déchaînée, un rocker. Mais aussi une geisha – et en plus, c’était gratuit – un écossais dont on ne saura jamais s’il avait ou non quelque chose sous son kilt, des faux blondsen fausses blondes, des vrais blonds en fausses blondes, un avatar de Scream, une zorette. Le plus marquant restera tout de même François en mode épilation totale : c’est fun à regarder, mais il faut vouloir y passer. Judicieux choix que Brice, ça m’a évité d’avoir trop à faire, ayant été très à la bourre pour la confection. A noter aussi une bande de trois cochonnes toutes roses de la queue au bout du groin, et le vice-prez’ en créature informe rose bonbon enfant-ange-démon : de quoi avoir presque envie de lécher.

Les organisateurs se déchaînent, et diffusent de partout le précieux Jägermeister. Flunchy lâche sa prose : entre « à poil les putes ! », « à poil les putes ! », « à poil les putes ! » et parfois « à poil les putes ! », il fera étalage au micro toute la soirée de la diversité de son vocabulaire. Un vrai poème en prose, à tel point qu’il serait difficile de trouver une formule résumant ses propos.

Kéké drague comme d’habitude, et se fait séduire par une belle brune qui sait s’y prendre. Serait-il même redevenu hétéro ? Une folle rumeur qui a couru à la K’fet au retour de ce WEP, à vérifier : demoiselles volontaires, se signaler.

La fin de soirée s’étire, les derniers résistants tiennent jusqu’à 6 heures. Les corps bougent encore, Kéké roupille, et Cléopâtre et Bonbon rose sont proches de la partouze à deux.

Pas de tambour ce matin-là, les conducteurs veulent dormir. Micro-dodo après s’être fait surprendre en caleçon à fleur par les filles de la chambre voisine. La tête dans le gaz, KO. Mais bon sang, qu’est-ce que c’est bon !

Le lendemain, rangement et nettoyage avec ses bonnes et ses mauvaises surprises. Les cadeaux sont précieusement intégrés à la cargaison aller. Sur la route, c’est bien plus calme, on fredonne les airs de la veille. Petite séance de planage complet sur les sièges passager, on se demande à quoi on peut bien ressembler. Un peu de zen attitude pour prolonger encore le bonheur avant la corrida de la nouvelle semaine.

Tout le monde a rencontré tout le monde, la folie était au rendez-vous, une promo est née. Et une seule pensée dans toutes les têtes : WEP forever !

Boulet

Comprimé 25 Hiver 2008

 

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