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Plus puissante que l’AZT, une molécule d’origine naturelle

Une plante d’Asie du Sud-Est pourrait bien contenir une puissante molécule anti-VIH. Elle est généralement utilisée dans la population locale comme traitement contre l’asthme, le rhumatisme, la colique chez l’enfant ou même comme contraceptif masculin car elle contient un inhibiteur de la hyaluronidase.

Cette plante, c’est la Justicia gendarussa, un petit arbrisseau pouvant atteindre 1 m de haut et aux feuilles vert sombre lancéolées et glabres. Une étude publiée dans le Journal of Natural Compounds révèle que cette plante contiendrait une molécule efficace contre les souches résistantes de VIH, la patentiflorine A.

Cette recherche est le fruit d’une collaboration entre l’Université de l’Illinois à Chicago (UIC), le Hong Kong Baptist University et la Vietnam Academy of Science and Technology, dans le cadre du programme International Coopérative Biodiversity Group (ICBG). Il s’agit d’un programme lancé en 1993 qui a pour but de promouvoir la collaboration entre universités américaines et instituts de recherches de pays présentant des ressources génétiques uniques en terme de biodiversité et n’ayant pas les moyens nécessaires à allouer aux recherches.

L’équipe de recherche de l’UIC a été menée par les Pr. Lijun Rong, professeur de microbiologie et d’immunologie à la faculté de Médecine de l’UIC, Harry Fong, pharmacologue directeur associé de la World Health Organization Program for Traditional Medicine et le Pr. Doel Soejarto, professeur émérite de chimie thérapeutique et de pharmaco gnosie à la faculté de Pharmacie de l’UIC.

Cette découverte résulte d’un criblage de milliers de molécules dont des molécules issues d’un extrait de Justifia gendarussa collecté il y a plus de 10 ans par le Pr. Soejarto au Parc National de Cuc Phuon à Hanoi, Vietnam. Il a été observé que la patentiflorine A est un inhibiteur non nucléosidique de la reverse transcriptase, enzyme indispensable au VIH pour incorporer son code génétique dans l’ADN de la cellule hôte. Sa capacité inhibitrice est significativement meilleure que l’AZT, le premier anti-VIH mis sur le marché en 1987 et encore présent dans certains cocktails de trithérapie.

Ce qui est intéressant avec la patentiflorine A, c’est qu’elle ait une capacité inhibitrice aussi bien dans les stades précoces de l’infection au virus, lorsqu’il rentre dans les macrophages, que dans les stades plus avancées quand les lymphocytes T sont infectés. Il a également été observé que cette molécule est efficace contre les souches résistantes aux inhibiteurs de reverse transcriptase, ce qui fait de la patentiflorine A un candidat prometteur pour de futurs cocktails thérapeutiques.

Les chercheurs ont également réussi avec succès à faire une synthèse totale de cette molécule, ce qui signifie qu’il n’y a pas de menace environnementale vis-à-vis de la plante en cas de développement de la molécule.

Source : 

Hong-Jie Zhang et al. Potent Inhibitor of Drug-Resistant HIV-1 Strains Identified from the Medicinal Plant, Journal of Natural Products (2017). DOI: 10.1021/acs.jnatprod.7b00004

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